Origine du lin
Le lin est l’une des premières cultures connues. L’homme utilise sa fibre depuis probablement 10 000 à 15 000 ans. L'origine du lin remonte ainsi à la naissance des premières civilisations et on retrouve sa trace dans de nombreux sites archéologiques antiques, notamment en Mésopotamie, ou en Assyrie et Egypte. Il semble que ce soit sous l’Egypte des pharaons que l’usage du lin a commencé à se développer. Sa production attestée il y a plus de 6.000 ans, servait à confectionner vêtements, tissus funéraires, voiles, cordages ou filets.
La fibre parvint ensuite en Grèce et à Rome grâce aux Phéniciens.
En Gaulle, le lin était cultivé bien avant l’invasion Romaine, cependant c’est Charlemagne qui donna l’impulsion à cet artisanat. C’est à partir du XIe siècle que l’utilisation du lin s’y généralise. La tapisserie de Bayeux est une preuve de la présence de la fibre à cette époque.
Au XIIIe siècle, la culture du Lin se développe de plus en plus, notamment dans les Flandres, la Bretagne et l’Anjou.
C’est au XVIIe siècle que le lin atteint son apogée. Il rentre alors dans la fabrication des toiles fines de Cambrai, des toiles dites « Bretagne superfine », des dentelles comme celles du point d’Alençon, des blouses, des mouchoirs.
Au XIXe siècle, on observe un déclin accentué par l’utilisation intensive du coton.
Dans la deuxième partie du XXe siècle, le lin a fait son retour dans l’habillement,qui relance son activité.
Les décennies suivantes verront l’apparition de la mécanisation agricole, de la création variétale, du perfectionnement du teillage.
Aujourd’hui, la culture et la transformation se sont industrialisées, le lin n’en a pas pour autant perdu son caractère noble alliant tradition et modernité.
Zones de culture du lin
De nos jours, plus de 75 000 hectares sont cultivés par an, selon les années, et la France est le 1er producteur mondial de fibres de lin. En effet, sa zone de culture principale est en Europe de l’Ouest sur une large bande côtière qui s’étend du sud de la Normandie au Nord de la France, de la Belgique aux Pays-Bas. La culture s’étend sur une zone linéaire longue d’environ 600 kilomètres partant de Caen jusqu’à Amsterdam ; d’où l’appellation : “Culture de proximité”.
Cet espace européen représente environ 70% de la production mondiale (cf carte ci-dessous).
De plus, le lin européen n’est pas délocalisable d’autant plus qu’il n’est autre que la seule fibre textile végétale originaire du continent. Sa réputation et son excellence résultent de la rencontre unique entre un climat tempéré naturellement humide, une faible densité thermique ainsi que des sols généreux et le savoir-faire des teilleurs. Cette position de leader tient à la disponibilité de terroirs très favorables à sa culture et aux savoir-faire techniques des lignicultures et des teilleurs. Ces avantages s’accompagnent de l’image très positive que véhicule le lin, dont la biomasse est entièrement valorisée et dont les fibres sont symboles de naturalité, de noblesse et d’élégance. Le lin requiert des terres profondes avec des températures qui n’excèdent pas les 25° durant toute sa croissance. En effet, nous retrouvons principalement le lin français en Haute-Normandie, dans les Hauts-de-France et dans l’Est de l’Ile de France. Ces localisation réunissent les conditions nécessaires et concentrent 99% des parcelles, selon leurs dimensions, et leurs capacités respectives de teillage varie entre 300 à 12.000 hectare par an.
La fibre de lin contribue à maintenir un tissu économique et social en zone rurale. Sa culture, sa première main d’œuvre importante et sa localisation génèrent environ 1500 emplois directs.
Culture et récolte du lin
La culture du lin se présente en plusieurs étapes bien définies.
- Les semis : Cette étape se déroule selon les régions et l'état des terres, entre mi-mars et mi-avril. La densité de semis se situe entre 1800 et 2000 graines/m². La croissance du lin est rapide. En effet, de la levée à la maturité, il s’écoule environ 120 jours au cours desquels les tiges atteignent leur hauteur maximale et mûrissent.
- La floraison : Nous sommes ici, mi-juin. Il existe plusieurs variétés de fleurs bleues, violettes ou blanches, et chaque fleur de lin est très éphémère, puisqu'elle ne vit que quelques heures aux alentours de midi. Cependant, un champ peut rester en fleurs plusieurs jours. Le lin est une culture qui ne nécessite aucun apport supplémentaire en eau et les intrants sont dix fois inférieurs à ceux des autres cultures.
- L'arrachage : Cette étape débute lorsque le lin est mûr, souvent vers mi-juillet. On repère le lin mûr lorsque la couleur de sa tige vire du vert au jaune. Les capsules brunissent, les tiges se défolient presque entièrement et les graines mûrissent. Le lin n'est alors pas coupé mais arraché de la terre afin de conserver la longueur de fibre qui se trouve dans la tige. Puis, il est posé en andains sur le champ. Le but de cet étalage est d'exposer le lin aux intempéries et au soleil afin de permettre le rouissage.
- Le rouissage : Cette étape naturelle est incontournable pour le processus de maturation de la fibre, avant le teillage du lin, puisqu’elle permet la décomposition des colles naturelles qui lient la fibre de lin au bois? Ceux-ci secrètent des enzymes qui produisent la désagrégation des tissus qui entourent les faisceaux de fibres. En créant une perte de la cohésion tissulaire, le rouissage facilite l’extraction mécanique des fibres (le teillage)
- Le retournage : L’opération consiste à retourner les andains de pailles pour exposer à la lumière leur face tournée contre terre dans un premier temps. Elle doit permettre un rouissage homogène et favoriser le séchage des pailles. Il peut arriver que le retournage ne soit pas nécessaire lorsque les andains sont peu épais et qu’un temps chaud et humide permet un rouissage au cœur des tiges. A contrario, il peut être pratiqué deux à trois fois si les andains sont épais.
- L'enroulage : Cette étape correspond à l’ultime phase de la récolte qui permettra l’enlèvement des matières du champ.
Elle intervient lorsque les lins sont rouis. Dans la pratique, l’opération consiste à enrouler les andains pour former des balles rondes tout en conservant aux tiges leur disposition parallèle et faciliter le déroulage lors du teillage.
Teillage du lin
Le principe du teillage de lin reste un procédé très complexe. Le dictionnaire le décrit comme suit : « Opération mécanique conduite sur des fibres libériennes en vue de séparer du bois l'ensemble des cellules textiles structurées en faisceaux ». Mais chaque teillage possède ses propres secrets de qualité. Cette action est réalisée dans des entreprises entre le monde agricole et le monde du textile. En France, il existe plus d'une vingtaine de teillages de lin.
De manière simple, on peut expliquer le teillage de lin comme la technique pour séparer la fibre de lin de la paille de la plante. C'est une opération très importante dans l’avenir de la qualité de la fibre et est donc une étape majeure dans la production de produit en lin. Elle requiert des compétences d’expert et une excellente connaissance de la plante.
Suite au teillage, les différents éléments de la plante sont alors séparés :
- La fibre longue (la filasse)
- La fibre courte
- Le bois du lin (les anas)
- La graine
- La poussière
Débouchés
La fibre de lin est considérée comme une fibre longue. Bien qu'elle soit essentiellement utilisée pour la filature et donc dans l'habillement, elle possède des propriétés très intéressantes pour l'intégrer dans différents domaines techniques.
En effet le lin possède de nombreuses propriétés de : légèreté, résistance mécanique, antibactériennes, et de nombreuses autres.
On retrouve ainsi le lin comme isolant, dans les composites, dans les renforts et... dans les gobelets !